L’apprentissage de la musique : suivre une formation ou être autodidacte ?

L’apprentissage de la musique : suivre une formation ou être autodidacte ?

Le constat d’un paradoxe

En règle générale, l’apprentissage traditionnel d’un instrument de musique ou du chant ne laisse aucune place à la possibilité d’improviser. Un cadre est établi à partir d’une méthode à suivre pas à pas.

À contrario, les autodidactes s’appuient de façon instinctive sur leur oreille et apprennent en imitant ce qu’ils entendent par ailleurs. Mais le cadre et la méthode sont aléatoires car ils ne reposent que sur l’exécutant.

Dans l’apprentissage traditionnel, il va s’agir d’acquérir une technique par la répétition progressive, tout en assimilant telle ou telle pièce, jusqu’à maîtriser un répertoire.

Conjointement à cela, sont associées plusieurs disciplines croisées, à commencer par celle de la « lecture horizontale » des notes et du rythme, le fameux solfège, puis celles de la théorie et de la culture musicale au sens large, qui pourront aussi inclure une « lecture verticale » des notes, à savoir la science des accords et de l’harmonie, dans le cadre de l’étude d’un instrument polyphonique par exemple. Le tout s’inscrivant dans le cadre obligé d’un planning fixé par les formateurs.

Si pour l’autodidacte la technique s’acquiert aussi par la répétition, elle ne sera pas pour autant progressive mais aléatoire, avec la différence essentielle qu’elle n’implique aucune contrainte de planning, ni obligation de la connaissance du solfège, d’une culture musicale ou de règles d’harmonie. Ces acquis aléatoires pourraient de nos jours s’appuyer sur l’imitation de telle ou telle musique, musicien ou chanteur, affaire de goût.

Que peut-on en penser ?

Quelle que soit la méthode, il faudra faire preuve d’envie et de patience, mais aussi d’ordre et d’organisation, et pour ces dernières qualités, l’autodidacte devra trouver les moyens de son autonomie, ce qui n’est pas une mince affaire. On pourrait croire qu’avec les technologies d’aujourd’hui on progresse plus vite en autodidacte, mais le prisme des connaissances reste limité à ce qui intéresse et qui fait sens.
Par contre, ce dernier aura fabriqué une « oreille instinctive » et un jeu original car il suit sa propre intuition, ce que l’apprenti traditionnel n’aura peut-être jamais pu aborder en dehors des contraintes d’une méthode.

Dans tous les cas, le chemin est long pour parvenir à la maîtrise de son art, qui deviendra au mieux un outil de communication avec soi, puis d’interaction avec les autres, pour un plus grand plaisir partagé.

On aura compris qu’à un moment donné de leur parcours, l’apprenti traditionnel ou l’autodidacte pourraient manquer l’un à l’autre d’une approche complémentaire, à savoir d’une part maîtriser des outils de technique, lecture, culture et analyse musicales, tout en étant autonome avec sa propre liberté créatrice d’invention et d’improvisation.