Dans cet article, levons un coin du voile concernant la légende d’Arthur et la forêt de Brocéliande
C’est au château de Comper à Concoret, situé face au lac du même nom, qu’a été créé à la fin des années 1980 le Centre de l’Imaginaire Arthurien. Entre autres propositions, un parcours scénographique vous amène sur les traces du roi Arthur et de ses chevaliers, des fées d’un autre monde et de l’enchanteur Merlin.
Soyons clairs, rien n’indique dans les romans du moyen-âge, qu’Arthur et sa suite soient passés à Brocéliande. Mais après tout, il n’est pas surprenant que cette légende, qui a fait couler tant d’encre depuis cette lointaine époque, puisse être associée à la plus belle forêt de Bretagne.
À partir de quoi il devient facile d’imaginer que la destination de Brocéliande puisse être devenue touristique, fondée sur un vague substrat historique, bien entendu valorisé par un projet de développement local au nom évocateur, la Porte des Secrets. Les choses pourraient s’arrêter là.
Mais alors, comment expliquer la fascination singulière pour cette forêt? Serait-elle devenue une destination recherchée pour une simple mise au vert, pour un ressourcement familial estival, ou encore une opportunité pour fuir la réalité du quotidien au profit de la fiction inspirée par des personnages légendaires? A quoi pourrait s’ajouter la nostalgie de nos racines celtiques, celles de la mémoire de la résistance des gaulois à l’envahisseur si bien décrite avec humour par les personnages d’Astérix et Obélix.
Des cercles de druides officient toujours aujourd’hui dans la forêt, et l’on en voit accompagner des collégiens au long de l’année sur les sentiers, qui sait pour leur transmettre telle ou telle matière de Bretagne, issue des romans et légendes d’Armorique…
C’est que derrière l’imaginaire engendré par l’épopée d’Arthur, contée par quelques écrivains remarquables du moyen-âge, se cachent bien des secrets. Rien de tel pour se mettre sur la piste de mégalithes, comme le siège de Merlin, le rocher des Faux amants, ou pour traverser le hameau de Folle Pensée jusqu’à la Fontaine de Barenton où Merlin aurait rencontré la fée Viviane, pourquoi pas en laissant quelques cailloux blancs derrière soi pour éviter de se perdre dans le dédale de chemins forestiers devenus symboliques d’une quête personnelle qui nous dépasse.
En route, on pourra toujours interroger la mémoire d’un arbre séculaire, ou laisser divaguer l’esprit dans les reflets de l’étang du Miroir aux Fées.
Mais voilà, que ce soit au milieu des pierres du Jardin aux Moines ou du Tombeau de Merlin, à la grotte ou même dans l’église abbatiale de Paimpont, en l’espace d’un instant, la Porte des Secrets peut s’ouvrir et laisser place à la magie.
Et ce n’est pas un vain mot de dire qu’elle opère dans le corps comme dans l’esprit, qui se régénèrent tel le phénix, s’ouvrant alors à une énergie d’une puissance qui dépasse la raison, que ce soit au contact du minéral, du végétal ou du son. Les connaissances naturelles des peuples mégalithiques, transmises jusqu’au moyen-âge, sont en effet pures merveilles en termes de circulation d’énergie et d’information.
Au Val sans Retour ou à Comper, les dragons veillent, et les fées Morgane et Viviane pourraient bien vous adouber avec l’épée qui fera de vous de nouveaux fidèles d’Arthur.
Et mieux pour finir, si le message d’Arthur, fils de Pendragon, n’était pas qu’une légende, mais une réalité intemporelle, une cosmogonie, dont nous sommes chacun(e) gardien et témoin quotidiens, lors de notre passage sur Terre ?
Par une belle nuit, levant la tête dans l’éclaircie d’une clairière trouant la forêt sombre, je me suis souvenu. J’ai vu l’étoile polaire, dans la constellation de la petite Ourse, celle d’Arthur, notre guide; en regardant plus loin j’ai aperçu l’étoile qui avait guidé son père Uther Pendragon (traduire par : la tête du dragon), Alpha Draconis, l’ancienne étoile polaire d’il y a bientôt 5000 ans, qui comme son nom l’indique, se trouve dans la constellation du Dragon.
Emu, j’ai remercié le Ciel, qui se projette sur notre Terre.
C’est peut-être un peu tout cela, la magie de Brocéliande qu’on vient chercher dans une forêt décidément pas comme les autres…
Ps : la racine arth en gallois, art en irlandais, arzh en breton, signifie ours. L’ours est l’emblème de la royauté dans la civilisation celtique. Le dragon rouge est l’emblème du pays de Galles, lié à la légende d’Arthur.